Décembre dernier m’a trouvé à Macenta, en Guinée. Durant mon bref séjour en famille, temps en temps, je visitais Djiba. Le service que Djiba rend à ses visiteurs n'a pas besoin d'un grand effort.
Il est coiffeur et dans ce domaine, je ne suis pas chanceux. Ma tête se plaint de manque de cheveux. C’est pourquoi la plupart du temps que je passais avec Djiba, on le consacrait a dialoguer: il parle de la politique, raconte des histoires drôles, plonge dans le foot, fredonne des chants et proverbes africains et moi je l'écoute. Mais c’est le débat politique qui dominait.
Comme obsolètes politiques guinéens -la conjoncture économique oblige- nous sentons la politique bouger dans nos corps. Elle y est libre tels les globules rouges et blancs. Mais une différence chez Djiba: ses globules concurrencent les unes avec les autres, comme les hommes politiques guinéens. Il a la flexibilité nécessaire de suivre les mouvements planifiés ou improvisés, les changements soudains ou attendus.
A un moment donné, il est avec un tel parti politique; quelques jours après, il supporte un autre leader politique ou le gouvernement. Tout dépendra des événements de la semaine.
Djiba, toutefois, est plus qu’un coiffeur : il est aussi philosophe et observateur d'événements. Ses nombreux clients lui font des confidences qu’il garde fermement. Et souvent il essaye de leur montrer son point de vue sur la vie en général, et l'homme en particulier.
Après tout, ce qui importe plus chez Djiba, il a toujours une histoire qui va avec votre humeur du jour. Ainsi, tout en vous racontant n’importe quoi, il vous coiffe bien. Une fois terminé, vous souhaiteriez que la forme que prennent vos cheveux demeure pour toujours.
Mais ce jour là, j’ai préféré lui faire une surprise en lui demandant de raser mes cheveux à zéro. Cela ne requiert pas d'effort ou même du temps. Mais combien à payer pour mes cheveux courts? Et combien a payer pour coiffer un jeune homme qui veut un style qui demande une heure ou plus de labeur: même prix !
Mon étonnement m’a poussé à lui demander pourquoi cette égalité de prix entre raser et un look en vogue? Sa réponse: « mon prix dépend de la valeur de la personne et non pas les cheveux sur sa tête ».
Une réponse à méditer. Mais s’il savait que je réside au Koweït, quel aurait été le prix ?
/Par: Moysekou -Koweit, Farwaniyah le 15 Jan 2009/
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