dimanche 12 décembre 2010

Le ciel est ta limite.

Le ciel est ta limite.

"La sortie est une entrée que l'on prend dans l'autre sens. Similairement, la façon dont tu mènes ta vie peut être perçue, considérée et interprétée différemment par les autres autour de toi. Il faut juste continuer à tenter pour percer ton propre chemin ou prendre les bons chemins de certains grands acheveurs. Mais ne dépasses pas tes limites, il ne faut surtout pas détester ou offenser quelqu'un d'autre. Sois audacieux, sois différent, sois stratégique et le ciel est ta limite."(Moysekou)

mardi 30 novembre 2010

Où sont les Bangoura ?

Où sont les Bangoura ?

KUWAIT CITY- Dans les joutes continentales, le charme du football n’a rien à voir avec le soutien du public. Sinon, nous n'aurions jamais pu admirer les équipes qui rayonnent et triomphent en jouant loin de leurs terroirs.

À Kuwait City et dans certaines villes du Golfe Persique, nombreux sont ceux qui me posent cette question : Où sont les frères Bangoura ? Hier, dans une banque près de l’Université du Koweït ; un jeune Koweitien, Fahad, m’a posé la même question dès qu’il a su ma nationalité. Fahad est un passionné du foot africain.

Il y a quatre ans, lors de la CAN 2006 en Egypte, la belle ville Alexandrie avait massivement accueilli chacune des quatre sélections nationales du groupe C qui devaient évoluer sur ses installations. Il s’agit de la Tunisie, l’Afrique du Sud, la Guinée et la Zambie. Et avant les premiers matchs de ce groupe, dans les lieux publics de la ville, il était facile de constater le soutien absolu des habitants pour les Tunisiens, champions d’Afrique en titre et favoris du groupe. Les Alexandrins et Tunisiens sont tous des Arabes et donc parlent la même langue.

Mais, dès après la première sortie du Syli National de Guinée face aux Bafana Bafana d’Afrique du Sud, la belle ville touristique a aussitôt tourné casaque. Car il était difficile de ne pas admirer le jeu impressionnant de Feindouno, les gestes parfaits de Yattara, les récupérations irréprochables du colosse Dian Bobo, l’inlassable pressing de Mansaré ou les balles de buts de l’expérimenté Pablo Thiam.

Pourtant, l'équipe nationale de Guinée était arrivée en Egypte sous un nuage de difficultés financières. À la veille, le coach Patrice Neveu, qui était en charge depuis 2004, avait même menacé de démissionner si ses arriérés de salaire n'étaient pas payés. La tension était palpable.

Mais une fois que le football a commencé, tout a été oublié par ces jeunes joueurs capables de bouleverser le rythme des adversaires les plus redoutables. Considérés comme outsiders avant le coup d’envoi de ce tournoi biennal africain, ils engrangeront trois victoires d’affilée en dominant l’Afrique du Sud (0-2), la Zambie (1-2) et la Tunisie (0-3) pour mériter leur place en quart de final. Une preuve que la beauté du football c’est aussi sa glorieuse incertitude.

Dans cette belle ville où durant la compétition, la température se servait souvent de la pluie le matin et la chaleur dans l’après-midi pour offrir une soirée bien fraîche au Stade Harras el-Hodoud le spectacle était toujours extraordinaire. Les fans Alexandrins tout comme ceux du monde arabe, déjà emportés par les poulains de Neveu, ont instantanément surnommé le Syli National de Guinée - les Bangoura.

La famille Bangoura est l’une des principales familles Soussou en Guinée. Ils étaient cinq talents nommés Bangoura qui, avec l’assistance de leurs coéquipiers, ont permis à cette jeune équipe guinéenne de laisser de bonnes empreintes dont les férus de cuir rond se souviennent encore. Le public d’Alexandrie, bien qu’impressionné par l’abondance de ce nom sur le terrain, a aussi été enchanté par les débordements de l’ailier Ibrahima Bangoura (Troyes, France), les coups de tête précis de l’avant-centre Sambegou Bangoura (Stoke City, Angleterre), les contrôles admirables du milieu offensif Ousmane Bangoura (Charleroi, Belgique), les dribles et accélérations de l’attaquant Ismael Bangoura (Le Mans, France). Sur le banc réserve, il y avait le portier Aboubacar Bangoura de Châteauneuf d’alors.

J’ai expliqué à Fahad que le temps a passé et que les Bangoura sont de retour avec des nouveaux noms. Cependant, le jeu et le spectacle sont toujours là et seul le tout puissant Allah sait où cela va nous mener cette fois. J’ai ensuite actualisé les connaissances de Fahad sur notre football en lui expliquant où sont ils tous ces Bangoura.

Fahad me répondit qu’il rêve de “regarder encore’’ ces talentueux Bangoura (le Syli) étaler leur beau et fascinant football. -“Incha’Allah’’ (S’il plait à Dieu) était mon ultime réponse en le quittant, … avec le sourire.


/____Moysekou

vendredi 12 novembre 2010

Feindouno et Inzaghi : deux philosophies parallèles !


KUWAIT CITY - Le football, assurément, a prouvé être le sport roi sur terre. À l’exception possible de l'Antarctique, le monde n’a apparemment pas un endroit imperméable à sa verve et son influence. Et à Taouyah, un quartier côtier de Conakry, la plage Rogbané est l'un des endroits où de nombreux touristes et habitants vont souvent pour se relaxer en dégustant le jeu magnifique.


Sur ce bord de l'océan Atlantique avec les mouettes baignant en toute tranquillité sous un scintillant crépuscule qui illumine l’ile de Kassa à peine visible de loin ; un match de football a eu lieu récemment mettant en vedette Fodé Mansaré, Bobo Baldé, Ibrahima Yattara, Kalabane, Feindouno, Ismaël Bangoura, Ronaldinho, Rooney, Messi, Eto’o, Iniesta, Fabregas, C. Ronaldo, Drogba, Robinho et Essien. En réalité, ces joueurs ne figuraient pas effectivement dans ce match, mais des adolescents enfilant les maillots de leurs stars préférées, locales et internationales, dont ils suivent les prouesses sur les pelouses européennes par le biais des satellites.


À dire vrai ; ces jeunes adorent le foot. Ils ont traversé les ruelles poussiéreuses de Hamdallaye, la corniche de la Minière sous la chaleur estivale de Conakry pour rejoindre cet endroit propice à la détente.


Ils y ont installé quatre minces bois pour servir de poteaux sans barres transversales ni filets. Dès l’entame, leur match amical a pris des formes réelles ; son rythme parfois saillissant sur les côtés jusqu'à ce qu'ils aient joué près de l’eau où deux jeunes commentaient, sans microphone, leur moindre dribble, récupération ou geste impeccable. L’un de ces jeunes commentateurs était vêtu en maillot blanc de Kaka du Real Madrid et l’autre portait l’orange de Nasri d’Arsenal.

Leur cri, souvent déclenché par une occasion ratée ou un geste parfait, était à la fois perçant et attrayant. Les spectateurs applaudissaient sans relâche. L’ambiance était admirable.


Au même moment, non loin de Taouyah, dans le quartier populaire de Bonfi, il y avait un autre match au Stade de Bonfi avec un large public. Souvent, les clubs de ce quartier comme « les Girondins » s’entraînent ici. L’une des stars qui a débuté sa carrière dans ce stade est le pétillant Pascal Feindouno, la star guinéenne dont le maillot était visible parmi tant d’autres fièrement portés par ces jeunes qui étalent leur talent à la plage de Rogbané.


Connu pour sa technique hors normes, son sens du spectacle et son inconstance, Feindouno a laissé de bons souvenirs en Ligue 1 française. Pendant neuf ans, il a fait les beaux jours de Bordeaux, Lorient et Saint-Étienne. En équipe nationale de Guinée, les traces de Feindouno sont indélébiles. Son génie créateur aidant, il est capable à lui seul de renverser le cours d’un match. Il le fait souvent et l’a fait un soir au Stade Ohene Djan d’Accra lors de la CAN 2008 quand les Guinéens affrontaient les Marocains non seulement pour se qualifier pour le quart de final mais, aussi réaliser ce qui les a toujours échappés: vaincre les Lions de l’Atlas.


Dans ce match Guinée-Maroc, à la 59’ min, vers le milieu du terrain, une combinaison de la défense marocaine sera interceptée par Feindouno qui récupère le ballon intelligemment, sans tarder, il lit la situation avant de le brosser avec une fine et incisive touche entre trois défenseurs marocains vers Ismaël Bangoura, l’attaquant du Dynamo Kiev d’alors. Cet insatiable buteur régulier ne laissera aucune chance au portier marocain 2-0. Le premier but guinéen, sur coup franc à la 11’ min, était l’œuvre du même artiste Feindouno.


Le temps passe, le rythme s’accélère et l’infatigable attaquant Lillois, Souleymane Youla se bat, en vain, pour corser l’addition. Il ne se décourage pas. Sa persistance récoltera un penalty à la 63’ min qui sera aisément transformé par le même flamboyant Stéphanois Feindouno.


Les marocains résisteront, sans succès. Au sifflet final, une marge d’un but départageait les deux équipes. Et sans aucun doute, la joie d’être en quart de final était déjà dans les rues de Conakry. Score final : 3-2. Le Maroc était éliminé et les supporteurs guinéens en liesse semblaient avoir déplacé une montagne.


Mais il y a deux ans, Feindouno qui était une valeur sûre à St Etienne, a préféré s’exiler au Qatar pour palper quelques pétrodollars, retrouver des sensations, se mettre en valeur et rejoindre l’Europe !


Poursuivant sa philosophie et après une randonnée financièrement profitable à Al-Sadd, Al-Rayyan (Qatar) et Al-Nasr (A. Saoudite), il chercherait présentement un club pour rebondir en Europe ! Il a résilié ces jours-ci son contrat, qui expirait en fin de saison, avec le club qatari d'Al-Sadd. Mais en retournant en Europe, Feindouno est-il à son meilleur niveau ?


À l’âge de 29 ans, malgré ses pieds bénis ; une nouvelle percée de Feindouno dans le football de haut niveau en Europe demeure un véritable challenge. Mais, à cœur vaillant comme Feindouno, rien d’impossible.


De nos jours, certains footballeurs quittent l’Europe vers d’autres continents pour retrouver de temps de jeu ou se préparer une retraite dorée et d’autres comme Filippo Inzaghi restent en Europe.


Le virtuose Inzaghi a 37 ans mais, il fait toujours la différence pour le Milan AC quand le temps est sombre.


Mercredi dernier (3 Nov. 2010) en Ligue des Champions, le Real Madrid a marqué et maîtrisé le jeu face au Milan AC mais, c’est la légende vivante Inzaghi qui a remis les choses à plat en marquant non pas une, mais deux fois, en 10 minutes. Le 1er but est une finition exceptionnelle dont seuls les joueurs talentueux en sont capables. En avançant vers la ligne de but, il avait imaginé une chose rarissime - une erreur du capitaine champion du monde, Iker Casillas. Il placera le 2ème but en partant d’une position de hors-jeu. Dans ce match nul (2-2), le Milan était agité, dominé par le Real et Inzaghi, entré à la 60’ min, a tout changé.


Le coach du Real Madrid, Mourinho, avait dit en conférence qu’au Milan AC, il ne craignait qu’Inzaghi. Certains avaient sous-estimé son avertissement. Ils ne le font plus maintenant.


Ce mince braconnier, souvent invisible comme un fantôme, a toujours marqué des buts importants dans une carrière de 19 années de travail quotidien à Piacenza, Parme, Atlanta, Juventus et maintenant Milan AC. Son secret ? Il le résume lui-même : « Je me connais et j'ai mes routines », a-t-il dit après le match. « Ce qui change c'est que plus le temps passe, plus il faut travailler pour être au top. »


Ainsi, Inzaghi, avec sa philosophie, brille et brise des records. Avec le doublé du mercredi, il a battu les records de deux grands Européens - Gerd Müller et Marco van Basten - en une seule nuit à Milan. Ca fait 70 buts marqués en Coupe d’Europe, un but de plus que Müller et 125 buts réalisés sous le maillot Rossonero. Plus que Marco Van Basten (124 buts).


Bref, pour rester au sommet de son art, Inzaghi redouble ses efforts chaque jour. Feindouno, lui, préfère s’exiler dans un championnat de bas niveau mais, très lucratif ! ... Le foot, incontestablement, a de philosophies distinctes.


Par: Moysekou (Kuwait City)

vendredi 15 octobre 2010

Guinée-Nigeria: Kévin et Ibrahima sur le sol de leurs ancêtres.


KUWAIT CITY – Kévin Constant et Ibrahima Traoré sont deux jeunes talentueux d’origine guinéenne. Ils sont nés, grandis et nourris à travers chaque niveau du football en France. Ce sont des jeunes en quête de réussite dans un sport qui, presque chaque jour, démontre que la nationalité est un choix aussi bien qu’un droit. Ils ont marqué chacun un but à des moments vitaux pendant les deux derniers matchs du Syli National de Guinée.


Kévin, 23 ans, a du talent à ses pieds. Cet ancien toulousain évolue aujourd’hui au milieu du Chievo Vérone (Série A, Italie) mais, ce dimanche (10/10/2010) sa mission était d'aider la Guinée à battre le Nigeria. Un colosse du continent dont la taille reflète l’appréciation et le mérite que vaut son conquérant victorieux.


Du moment où ils se sont alignés pour l’hymne national, Kévin et ses coéquipiers ont été applaudis, chantés et exaltés. L'ambiance extraordinaire s’est passée à Conakry, où la majorité des sièges du mythique Stade du 28 septembre a été remplie par les fans du Syli. Mais le Stade n’était pas plein à craquer.


Cela n'est pas surprenant. Il y a belle lurette, le Syli alternait joie et désillusion, perdant ce qu'il fallait gagner et très rarement gagner ce qu’il fallait gagner. Mais ses supporters inconditionnels ne se découragent jamais.


Durant ce duel pour le compte des Eliminatoires CAN 2012, le soutien du public a été productif. Car le Syli a bien impressionné en attaquant avec technique, circulant avec assurance et résistant avec sagesse aux moult assauts des Super Eagles par un mur défensif déterminé, un milieu motivé et une attaque affamée mais malhabile devant la cage adverse. Ce bloc cimenté par le maçon Dussuyer, dont la plupart des briques ont été récemment détectées en Europe, a réussi le pari de poser la défaite chez l'adversaire et par ricochet, imposer la victoire au Syli.


L’une de ses briques en béton s’appelle Mamadou Diouldé Bah, actuel milieu de VfB Stuttgart (D1, Allemande). En janvier 2008, il est sélectionné in extremis par l’ex-coach Nouzaret pour remplacer Kévin Constant à la CAN 2008 au Ghana. Quatre mois plus tôt, Kévin avait joué son 1er match face au Sénégal après avoir signifié, à travers une demande adressée à la FIFA, sa volonté de jouer pour sa terre maternelle. Mais la FIFA tardera à vérifier les origines guinéennes de sa mère.


Ainsi, la malchance des uns faisant l’enchantement des autres, Kévin ratait cette joute continentale, Bah faisait ses débuts au sein du Syli senior.


Mais ce soir, les deux prodiges, avec l’assistance de leurs coéquipiers, ont créé ensemble le but de la victoire à la 5’. Ce score étriqué a été le fruit des échanges agréables entre quatre joueurs guinéens au milieu du terrain avant que Kévin, bien servi par Bah, ne pénètre la défense nigériane pour faire trembler les filets du portier Vincent Enyeama.


Le jeu a été bien équilibré tout au long de la première mi-temps. Tandis qu’en deuxième période, les deux équipes ont été plus rigides au milieu du terrain. La résistance du milieu guinéen, sous l’égide de Kamil Zayatte, a été impeccable. Ce capitaine polyvalent est à la fois le catalyseur, le stratège et parfois l’attaquant de cette équipe entièrement motivée à offrir la joie au peuple de Guinée.


A la 75’, le stade semblait plus calme qu'une bibliothèque. La crainte était de plus en plus grande que le Nigeria pourrait égaliser lorsqu’un tir puissant d’Obafemi Martins a été contré sur la barre par le gardien Naby Yattara donnant un corner sans danger.


Les deux équipes rateront plusieurs occasions. Et les nigérians, qui n’ont jamais gagné en Guinée, doivent attendre encore.


Kévin est né à Fréjus, au sud de la France sur la rive de la Mer Méditerranée. Ibrahima, avant-centre de FC Augsbourg (D2, Allemande), est né à Villepinte au nord de Paris il y a 22 ans. C’est un braconnier qui, profitant de l'indécision des défenseurs, utilise son esprit inventif et ses gestes parfaits pour agiter les filets adverses.


Cette victoire historique du onze national sur les Super Aigles du Nigeria était le premier match officiel de ces deux jeunes bi-nationaux sur le sol guinéen, terre de leurs ancêtres.


L’effort salutaire de nos dirigeants sportifs et du sélectionneur dans l’opération de détection et de séduction de nos sélectionnables exilés est à encourager.


Quant aux joueurs, leur choix est personnel. Le jeune attaquant rennais Abdoul Razzagui Camara, longtemps approché par la Guinée, son pays d’origine, aurait finalement opté pour les Bleuets de France, son pays natal. Les bi-nationaux Schumann Bah, Dianbobo Baldé, Kaba Diawara, Habib-Jean Baldé, Kévin Constant, Larsen Touré, Ibrahima Traoré …etc. ont, eux, préféré rejoindre le Syli plutôt que d’attendre avec les Bleuets ou les Bleus.


Kévin et Ibrahima jouent à des postes différents mais, ils ont quelque chose en commun : la discipline, l’attitude et leur sens de donner toujours le maximum de soi-même sur le terrain. Ces qualités sont à imiter.


Naturellement, ils sont ce que nous sommes tous : les descendants de nos parents.


Nous sommes fiers de ce nouveau Syli de joueurs disciplinés. En effet, ce soir, où serait le Syli sans leur discipline ?


Moysekou (Kuwait City)


dimanche 26 septembre 2010

Syli no. 1 en Afrique ?

syli_comprimKUWAIT CITY− En August 2006, le Syli National de Guinée faisait sa meilleure progression en s'installant à la 22e place mondiale et 4e équipe africaine du Classement mondial FIFA. Le classement de ce mois de septembre l’a logé à la 81e place mondiale et 18e meilleure équipe d’Afrique. Il fait ainsi une montée de cinq places africaines et 21 positions mondiales après une victoire sur le Mali en amical et un départ idéal aux éliminatoires CAN 2012 en allant battre les Antilopes d’Ethiopie à Addis-Abeba (1-4).

Mais ce beau pays du Ballon d’Or Africain Cherif Souleymane, considéré comme l'une des meilleures sources de talents footballistiques d'Afrique, est-il déterminé à atteindre le plus haut niveau continental ?

Le titre aurait pu être : « Pourquoi sommes-nous n°1 en Afrique ? » si et seulement si nous avions pu dominer les autres et occuper confortablement le trône présentement mérité par les Pharaons d'Egypte. Pourquoi, demande-je, avons-nous autant de talents footballistiques avec si peu de rendements ?

Le premier constat est pitoyable : la Guinée, qui a eu son indépendance depuis 52 ans, avec toutes ses richesses naturelles, n'arrive toujours pas à se doter d'infrastructures sportives dignes !

A Conakry comme à Yomou ou dans les autres villes guinéennes, en termes de solutions évolutives qui produisent de meilleurs sportifs, rien n’existe ou ne se pointe à l’horizon. Plus, le légendaire Stade du 28 septembre, le seul stade du pays répondant aux normes internationales n’est souvent entretenu que quand la FIFA menace de le suspendre !

Mais, pour bâtir haut il faut creuser profond, dit l’adage. C’est pourquoi nos Ministres des Sports qui se sont succédé à ce poste se sont plutôt intéressés à creuser la caisse du contribuable guinéen pour bâtir leurs propres maisons que de servir loyalement la Nation.

Le crabe n'est pas bienvenu au jeu de contorsions. Les clubs de notre championnat, aussi, ne sont pas bienvenus aux compétitions continentales. Ils sont faibles et naturellement éliminés dès le 1er tour.

D'ailleurs, la plupart de nos footballeurs professionnels actuels ne sont pas prêts à se battre sans cesse pour s’imposer dans leurs clubs. Ils manquent de motivation, de ténacité et de volonté d’atteindre le sommet de leur art et surtout de maintenir le niveau à la hauteur des attentes !

Et puis, il y a une fausse idée avec laquelle nos footballeurs vont devoir rompre. C’est cette idée que le football c’est le talent, ensuite vient le niveau du championnat et sa médiatisation, que certains joueurs guinéens se permettent de randonner dans des championnats de bas niveau.

Comme pour faire de mauvais choix, il faut de mauvais conseillers. Il faut l’aide des agents (de joueur) opportunistes pour piétiner l’espoir de tout un peuple en galopant nos talents au début de leur carrière ou qui disposent encore quelques années de football de haut niveau sous leurs crampons vers les pétrodollars du Golfe Persique.

N’importe quel joueur sérieusement « ascendant » aurait décliné le choix d’une pente « descendante », en quittant un championnat de haut niveau pour un autre de bas niveau voire même très bas, quelque soient les privilèges. Mais tout ce que les supporters du Syli National prennent pour des mauvaises décisions, certains footballeurs Guinéens le prennent pour des qualités intrinsèques.

Et à cette allure, il ne faudrait pas s’étonner si un jour, un de nos meilleurs jeunes talents, quitte l’Olympique Lyonnais (D1, France) pour le Pelita Jaya (D1, Indonésie), privilégiant un contrat plus lucratif à la qualité du championnat. C’est à Pelita Jaya, en 1996, que le légendaire Roger Milla a fait les derniers dribbles de sa carrière en marquant 23 buts en 23 matchs. Il avait alors 44 ans et poussières !

Tant que notre football marchera avec des béquilles, pardon, sous la houlette des mauvais dirigeants, des responsables sportifs véreux ou égoïstes, on ne sèmera que du vent pour ne récolter que de la tempête.

Bref, nous n’avons pas d’infrastructures sportives adéquates, nous ne possédons aucune académie sportive, aucun centre de formation, nos responsables sportifs sont déloyaux, indifférents et trop gourmands. Les performances de nos joueurs sont instables.

Pourtant, nous avons le talent. Et aujourd’hui, sur un gazon plat où tout le monde a accès au ballon, les qualités individuelles sont plus importantes que jamais. Mais le foot c’est aussi dans la tête. À l'heure actuelle les autres joueurs africains ont un moral plus déterminé que la plupart de nos pachydermes et tant que tel est le cas, en Afrique, nous ne serons pas n° 1 !

Moysekou

24.09.2010

mardi 21 septembre 2010

Analyse : Alhassane Keita a-t-il oublié le message de Kampala ?


Il fait beau temps sur la pelouse du Stade Nakivubo de Kampala ce 8 avril 2000. L’Ouganda reçoit la Guinée lors des Eliminatoires Mondial Japon/Corée. La rencontre, amplement disputée, tire vers sa fin. Youla vient d’égaliser, à la 83’. C’est son 2e but de la soirée et le 3e du Syli National. Pablo Thiam de Bayern Munich a ouvert la marque en surprenant les hôtes.


C’est en ce moment de joie que le jeune Alhassane Keita ‘Otchico’ fait sa première apparition au sein de notre onze national senior. Il rentre sur la pelouse en lieu et place d’Ousmane Soumah sous le sourire encourageant du coach Abdoulaye Keita Banks.


Les Guinéens ont modifié leur schéma tactique. Pascal Feindouno semble s'être recentré avec la rentrée de Keita qui, conscient du poids de la tâche, tente de réussir cette première. Ses accélérations, ses touches de balle impressionnent le staff technique. Le temps file. On est presque aux arrêts de jeu, le moment choisi, souvent, par la scoumoune pour s’abattre sur le Syli National.


Mais la beauté du football c’est aussi sa glorieuse incertitude. C’est ainsi que, Feindouno, l’enfant de Kissidougou, en véritable sauveur, place le 4e but guinéen, comme pour dire au portier Ougandais Kawalya qu’il venait d’une ville dont le nom signifie : « terre de sauveur ».


Kissidougou, nom composé de Kissi (être sauveur) et dougou (terre), signifie littéralement en malinké (terre de paix). Les malinkés y ont trouvé refuge sur la route de l’exil. Elle fut créée par Dankaran Touma Keita, le frère de Sundiata Keita, fondateur de l’empire du Mali. Leur dernier chef, Kissi Kaba Keita, livra une bataille sans merci aux colons avant sa mort en 1898. Sa terre est fertile et les denrées agricoles y sont abondantes à des prix imbattables.


Un peu loin de Kissidougou, à 82 km, se trouve la ville de Gueckedou dont le pont métallique jaune sur le fleuve Makona jouxte le Stade de « Makona FC », le club local où Alhassane Keita a continué sa progression après ses débuts dans Diani FC de Nzérékoré.


Plus tard, il quittera le Makona FC et son talent aidant, parvient à s’imposer au Horoya AC (Conakry) où évolue son frère jumeau Alseny.


C’est à Monrovia (Liberia) où travaillait leur père que les frères jumeaux, natifs de Macenta, ont débuté à jouer au ballon. Après de nombreux va et vient, le déclenchement de la guerre civile au Liberia oblige le papa et sa famille à rejoindre définitivement la Guinée, en 1990.


Au pays, Alhassane apprécie et découvre l’importance des relations humaines en tentant d’oublier la pauvreté. Faute de moyens financiers, il arrête l’école à l’âge de dix ans. Dès lors, fort de son talent et d’une volonté à toute épreuve, il se lance un défi : réussir dans le football.


Au Horoya (Conakry), les frères jumeaux forment un duo formidable. Alhassane (attaquant), aime offrir des ballons de but à son frère Alseny (milieu offensif) qui en fait autant. L’entente est exemplaire.


Ils passeront par le championnat marocain avant de rebondir, plus tard, dans l’Axpo Super League Suisse. Et puis arrive ce jour lors de la finale de la Coupe de Suisse (2004/05) : Alhassane, attaquant vedette de FC Zurich affronte Alseny, milieu offensif de FC Lucerne. FC Zurich vaincra par 3-1 dont un but d’Alhassane.


En juin 2008, Alhassane survole la péninsule arabique pour atterrir sur la plus grande des îles Baléares espagnoles, Majorque et dépose sa valise chez Real Majorque en signant cinq ans. Il venait d’Al-Ittihad Djeddah (Arabie Saoudite) où il a passé deux brillantes saisons.


En Primera División, il continue sa bonne ascension, repérant de l'espace et marquant des buts là où les autres loupent. Il l'a fait contre les Barcelone, Real Madrid, Almeria, Zaragoza, Bétis…etc. Mais ici, l’enfant de Macenta doit œuvrer sous une nouvelle contrainte, première de sa carrière : alterner le banc et les titularisations pendant deux saisons.


Le 11 Aout dernier, à Marignane (France), Alhassane Keita a refusé de jouer le match amical Guinée-Mali. Raison ? Il n’était pas titularisé d’entrée. Le coach, c’est le revenant Michel Dussuyer. L’homme qui, en 2004, avait amené Keita à son unique Coupe d’Afrique des Nations (CAN), en Tunisie.


Par le passé, il n’était pas régulièrement appelé en équipe nationale à cause notamment du désamour fortuit entre lui et certains coachs du Syli National. Curieusement, plus il brillait dans son club, plus les coachs du Syli l’ignoraient. Il est souvent sélectionné pendant les éliminatoires mais, oublié lors des phases finales du tournoi continental.


En 2005, Keita entame bien la saison de la Super League Suisse avec le FC Zurich dont il finira meilleur buteur. Mais Patrice Neveu, qui venait de remporter la Coupe Amilcar Cabral, l’a écarté pour la CAN 2006, en Egypte. Et comme si l’habitude était forcément une seconde nature, Robert Nouzaret ne le retiendra pas, aussi, pour la CAN 2008, au Ghana.


En effet, malgré l’indéniable talent qu’il possède, son sens de l’humour, sa gentillesse et surtout son franc-parler, ceux qui l’ont côtoyé ne cachent pas le défaut principal de Keita : la colère subite et imprévisible qui coure dans ses veines demeure réelle.


Keita avait la possibilité de jouer pour le Liberia de George Weah. Il a préféré la Guinée, terre de ses parents. Mais il n'est pas le premier joueur qui a été obligé de choisir entre deux pays. L’attaquant des Lions du Sénégal, Henri Camara, est originaire du village de Manfédou, à Kissidougou, fils de feu Prosper Camara et neveu du légendaire Maxime Camara du Hafia Football Club. Saliou Diallo, longtemps dernier rempart du Syli et Ibrahima Soreya Camara, actuel défenseur de KAS Eupen (D1 Belge) et latéral du Syli, auraient plutôt joué pour la Sierra Leone. L’Afrique n’est-elle pas une famille ? Plusieurs footballeurs africains sont partagés entre l’amour de leur pays d’origine et l’honneur de leur pays d’adoption.


Et la fin du match à Kampala ? Oui. La scoumoune y était bel et bien présente. Car malgré l’effort des Guinéens, les Ougandais remettront les pendules à l’heure dans le temps additionnel. Score final : 4 buts partout.


En arrachant ce match nul difficile, Pablo Thiam, Morlaye Soumah, Sekou Drame, Mamadi Kaba et les autres pachydermes de ce soir, venaient d’illustrer devant le jeune débutant Keita ce que chaque footballeur, professionnel ou amateur, doit faire, à tout moment, pour honorer sa patrie. Un message que Keita avait poliment reçu, compris et respecté. Pendant dix ans, il a honoré le drapeau national.


Mais hélas, le temps change. Et l’homme, s’il n’est pas caméléon, il change et de peau et de conduite. Ce refus de Keita d’être remplaçant en équipe nationale, en match amical, alors qu’il était presque abonné au banc durant toute la saison à Real Majorque, suscite de nombreuses interrogations.


Il est primordial que les footballeurs africains comprennent que leur bonne prestation en équipe nationale est une fierté inestimable qui sème le sourire sur les lèvres de leurs compatriotes. Et ce sourire, les Guinéens en ont réellement besoin, eux dont le sous-sol est gorgé de richesses naturelles, avec une terre fertile et naturellement arrosée mais, paradoxe révoltant, qui croupissent dans la pauvreté !


La vie n’est qu’une succession perpétuelle des faits par des voies dont seul l’Omniscient Allah détient les contours. Succession ? Oui. Ce match amical contre le Mali aura permis à un autre jeune débutant de bien fêter son baptême de feu au sein du Syli National. Auteur du premier but, toujours souriant, il s’appelle Ibrahima Traoré, 22 ans, attaquant du FC Augsbourg (D2, Allemande). Keita devrait jouer cette rencontre et, par la plus belle manière, lui transmettre le même message qu’il avait reçu, un jour, à Kampala. Il ne l’a pas fait. A sa place, le capitaine Kamil Zayatte, auteur du 2e but et les autres, l’ont fait, brillamment. Car dans ce match, le Mali d’Alain Giresse ne tremblera pas les filets guinéens.


Le foot guinéen, pour retrouver son lustre d’antan sur le continent, a besoin des dirigeants et des joueurs qui veulent « vraiment » servir la Nation. Selon Charles de Gaulle : «On ne fait rien de grand sans de grands hommes, et ceux-ci le sont pour l’avoir voulu.»


/__ Moysekou (Kuwait City)