Où sont les Bangoura ?
KUWAIT CITY- Dans les joutes continentales, le charme du football n’a rien à voir avec le soutien du public. Sinon, nous n'aurions jamais pu admirer les équipes qui rayonnent et triomphent en jouant loin de leurs terroirs.
À Kuwait City et dans certaines villes du Golfe Persique, nombreux sont ceux qui me posent cette question : Où sont les frères Bangoura ? Hier, dans une banque près de l’Université du Koweït ; un jeune Koweitien, Fahad, m’a posé la même question dès qu’il a su ma nationalité. Fahad est un passionné du foot africain.
Il y a quatre ans, lors de la CAN 2006 en Egypte, la belle ville Alexandrie avait massivement accueilli chacune des quatre sélections nationales du groupe C qui devaient évoluer sur ses installations. Il s’agit de la Tunisie, l’Afrique du Sud, la Guinée et la Zambie. Et avant les premiers matchs de ce groupe, dans les lieux publics de la ville, il était facile de constater le soutien absolu des habitants pour les Tunisiens, champions d’Afrique en titre et favoris du groupe. Les Alexandrins et Tunisiens sont tous des Arabes et donc parlent la même langue.
Mais, dès après la première sortie du Syli National de Guinée face aux Bafana Bafana d’Afrique du Sud, la belle ville touristique a aussitôt tourné casaque. Car il était difficile de ne pas admirer le jeu impressionnant de Feindouno, les gestes parfaits de Yattara, les récupérations irréprochables du colosse Dian Bobo, l’inlassable pressing de Mansaré ou les balles de buts de l’expérimenté Pablo Thiam.
Pourtant, l'équipe nationale de Guinée était arrivée en Egypte sous un nuage de difficultés financières. À la veille, le coach Patrice Neveu, qui était en charge depuis 2004, avait même menacé de démissionner si ses arriérés de salaire n'étaient pas payés. La tension était palpable.
Mais une fois que le football a commencé, tout a été oublié par ces jeunes joueurs capables de bouleverser le rythme des adversaires les plus redoutables. Considérés comme outsiders avant le coup d’envoi de ce tournoi biennal africain, ils engrangeront trois victoires d’affilée en dominant l’Afrique du Sud (0-2), la Zambie (1-2) et la Tunisie (0-3) pour mériter leur place en quart de final. Une preuve que la beauté du football c’est aussi sa glorieuse incertitude.
Dans cette belle ville où durant la compétition, la température se servait souvent de la pluie le matin et la chaleur dans l’après-midi pour offrir une soirée bien fraîche au Stade Harras el-Hodoud où le spectacle était toujours extraordinaire. Les fans Alexandrins tout comme ceux du monde arabe, déjà emportés par les poulains de Neveu, ont instantanément surnommé le Syli National de Guinée - les Bangoura.
La famille Bangoura est l’une des principales familles Soussou en Guinée. Ils étaient cinq talents nommés Bangoura qui, avec l’assistance de leurs coéquipiers, ont permis à cette jeune équipe guinéenne de laisser de bonnes empreintes dont les férus de cuir rond se souviennent encore. Le public d’Alexandrie, bien qu’impressionné par l’abondance de ce nom sur le terrain, a aussi été enchanté par les débordements de l’ailier Ibrahima Bangoura (Troyes, France), les coups de tête précis de l’avant-centre Sambegou Bangoura (Stoke City, Angleterre), les contrôles admirables du milieu offensif Ousmane Bangoura (Charleroi, Belgique), les dribles et accélérations de l’attaquant Ismael Bangoura (Le Mans, France). Sur le banc réserve, il y avait le portier Aboubacar Bangoura de Châteauneuf d’alors.
J’ai expliqué à Fahad que le temps a passé et que les Bangoura sont de retour avec des nouveaux noms. Cependant, le jeu et le spectacle sont toujours là et seul le tout puissant Allah sait où cela va nous mener cette fois. J’ai ensuite actualisé les connaissances de Fahad sur notre football en lui expliquant où sont ils tous ces Bangoura.
Fahad me répondit qu’il rêve de “regarder encore’’ ces talentueux Bangoura (le Syli) étaler leur beau et fascinant football. -“Incha’Allah’’ (S’il plait à Dieu) était mon ultime réponse en le quittant, … avec le sourire.
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