Dans la colère, abstiens-toi.
KUWAIT CITY− Dans la carrière d’un footballeur professionnel, il arrive un jour inévitable où il est obligé de céder sa place définitivement à un autre joueur, pour le bonheur de l’équipe, la satisfaction des supporters ou l’honneur de la nation.
Au début de ce mois, les Malgaches, fiers du match nul inattendu chez eux face à la Guinée, ont voulu refaire le même coup à Conakry. Désarçonnés, ils y ont fait naufrage : 4 buts à 1.
Dans ce duel en éliminatoire CAN 2012, certains ‘cadres’ du Syli National de Guinée, assistés par des jeunes ambitieux, ont loyalement joué sous les ovations du public. D’autres, naturellement, n’ont pas été retenus par le sélectionneur Michel Dussuyer. Parmi eux, le défenseur Ibrahima Camara dit Soreya, actuellement en vacances à Conakry et, apparemment, à la recherche d’un autre employeur pour ne plus retourner à K.A.S Eupen, son dernier club où ses performances n’ont pas été à la hauteur des attentes.
Mais, Ibrahima qui a suivi, dans les tribunes, cette large victoire de ses coéquipiers, n’aurait pas digéré son absence sur la feuille de match. ’’Je ne vais plus jouer pour la Guinée’’ aurait-t-il dit, mecontent du choix de l’entraineur.
C’est à Freetown qu’Ibrahima a grandi avant de revenir en Guinée avec ses parents, en fuyant la guerre civile en Sierra Leone. En 2004/05, il intègre la première équipe de FC Parmes où il se fait remarquer en Série A et en Coupe UEFA. L’ex-coach Patrice Neveu le découvrira et l’amènera à la CAN 2006. Il y défendra brillamment le drapeau national. Plus tard, sous la houlette de Robert Nouzaret, il répétera ses prouesses habituelles à la CAN 2008. Récemment, il a évolué en Belgique (K.A.S Eupen, 2010/11) après l’Italie (FC Parmes, 2003/07) et la France (Le Mans, 2007/10 puis FC Nantes, 2010).
À son meilleur niveau, Ibrahima était l’un des piliers du onze national, se battant inlassablement jusqu’au coup de sifflet final. ‘Sofa’ (soldat), ‘waraba’ (grand lion) ou le ‘guerrier’ sont quelques surnoms que les fans du Syli lui avaient donnés. Mais, depuis belle lurette, Ibrahima alterne titularisation et banc en championnat. Plus, en équipe nationale, ses boulettes arrangent bien les adversaires, offrant des buts bizarres dans les filets du Syli.
Le talent, nous dit-on, c’est dans la tète. Mais, quand l’aptitude physique ou technique d’un sportif décroit progressivement, peu importe l’envie d’étaler son savoir-faire, il est temps qu’il redouble les efforts pour retrouver sa meilleure forme.
Ibrahima devrait plutôt être fier d’avoir été, pendant longtemps, l’un des onze Guinéens sélectionnés parmi plus de dix millions de Guinéens pour honorer la patrie. Et nombreux sont les braves enfants de ce pays qui rêvent accomplir dignement ce job tant patriotique, sans jamais avoir l’opportunité de le faire.
Bref, rappelons ceci à Ibrahima : ‘Dans la colère, abstiens-toi.’ Le Syli National de Guinée n’appartient pas seulement au quartier Démoudoula à Conakry ou Madina à Labé ou Dorota à Nzérékoré. Il est l’équipe de tout un peuple. Donc, comme le dit Dussuyer, « La sélection reste ouverte à tous ».
En somme, le patriotisme d’un sportif, c’est aussi posséder au fond de son cœur, un amour intemporel pour le maillot national. Ainsi, sa prouesse traversera les années et sèmera la fierté dans les cœurs des générations.
Servir son pays, me semble-t-il, c'est "beaucoup", servir son pays et encourager les autres à le faire, c'est "tout". Malheureusement, « Les joueurs Guinéens sont talentueux, » a dit Mouctar Soumah alias Takana Zion, la star du reggae guinéen, « leur problème, c’est qu’ils n’ont pas été longtemps à l’école » a-t-il ajouté.
/____Moysekou.
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