samedi 18 juin 2011

Dans la colère, abstiens-toi.

Dans la colère, abstiens-toi.

KUWAIT CITY− Dans la carrière d’un footballeur professionnel, il arrive un jour inévitable où il est obligé de céder sa place définitivement à un autre joueur, pour le bonheur de l’équipe, la satisfaction des supporters ou l’honneur de la nation.

Au début de ce mois, les Malgaches, fiers du match nul inattendu chez eux face à la Guinée, ont voulu refaire le même coup à Conakry. Désarçonnés, ils y ont fait naufrage : 4 buts à 1.

Dans ce duel en éliminatoire CAN 2012, certains ‘cadres’ du Syli National de Guinée, assistés par des jeunes ambitieux, ont loyalement joué sous les ovations du public. D’autres, naturellement, n’ont pas été retenus par le sélectionneur Michel Dussuyer. Parmi eux, le défenseur Ibrahima Camara dit Soreya, actuellement en vacances à Conakry et, apparemment, à la recherche d’un autre employeur pour ne plus retourner à K.A.S Eupen, son dernier club où ses performances n’ont pas été à la hauteur des attentes.

Mais, Ibrahima qui a suivi, dans les tribunes, cette large victoire de ses coéquipiers, n’aurait pas digéré son absence sur la feuille de match. ’’Je ne vais plus jouer pour la Guinée’’ aurait-t-il dit, mecontent du choix de l’entraineur.

C’est à Freetown qu’Ibrahima a grandi avant de revenir en Guinée avec ses parents, en fuyant la guerre civile en Sierra Leone. En 2004/05, il intègre la première équipe de FC Parmes où il se fait remarquer en Série A et en Coupe UEFA. L’ex-coach Patrice Neveu le découvrira et l’amènera à la CAN 2006. Il y défendra brillamment le drapeau national. Plus tard, sous la houlette de Robert Nouzaret, il répétera ses prouesses habituelles à la CAN 2008. Récemment, il a évolué en Belgique (K.A.S Eupen, 2010/11) après l’Italie (FC Parmes, 2003/07) et la France (Le Mans, 2007/10 puis FC Nantes, 2010).

À son meilleur niveau, Ibrahima était l’un des piliers du onze national, se battant inlassablement jusqu’au coup de sifflet final. ‘Sofa’ (soldat), ‘waraba’ (grand lion) ou le ‘guerrier’ sont quelques surnoms que les fans du Syli lui avaient donnés. Mais, depuis belle lurette, Ibrahima alterne titularisation et banc en championnat. Plus, en équipe nationale, ses boulettes arrangent bien les adversaires, offrant des buts bizarres dans les filets du Syli.

Le talent, nous dit-on, c’est dans la tète. Mais, quand l’aptitude physique ou technique d’un sportif décroit progressivement, peu importe l’envie d’étaler son savoir-faire, il est temps qu’il redouble les efforts pour retrouver sa meilleure forme.

Ibrahima devrait plutôt être fier d’avoir été, pendant longtemps, l’un des onze Guinéens sélectionnés parmi plus de dix millions de Guinéens pour honorer la patrie. Et nombreux sont les braves enfants de ce pays qui rêvent accomplir dignement ce job tant patriotique, sans jamais avoir l’opportunité de le faire.

Bref, rappelons ceci à Ibrahima : ‘Dans la colère, abstiens-toi.’ Le Syli National de Guinée n’appartient pas seulement au quartier Démoudoula à Conakry ou Madina à Labé ou Dorota à Nzérékoré. Il est l’équipe de tout un peuple. Donc, comme le dit Dussuyer, « La sélection reste ouverte à tous ».

En somme, le patriotisme d’un sportif, c’est aussi posséder au fond de son cœur, un amour intemporel pour le maillot national. Ainsi, sa prouesse traversera les années et sèmera la fierté dans les cœurs des générations.

Servir son pays, me semble-t-il, c'est "beaucoup", servir son pays et encourager les autres à le faire, c'est "tout". Malheureusement, « Les joueurs Guinéens sont talentueux, » a dit Mouctar Soumah alias Takana Zion, la star du reggae guinéen, « leur problème, c’est qu’ils n’ont pas été longtemps à l’école » a-t-il ajouté.

/____Moysekou.


mercredi 8 juin 2011

Titi−Féguifoot: Assainissement ou rancune ?

TitiFéguifoot: Assainissement ou rancune ?

KUWAIT CITY− Dans leur parcours, les clubs sportifs et sélections nationales du monde entier passent par des hauts et des bas. Cette épreuve peut se poursuivre pendant de nombreuses années, tout comme leur suprématie de briller et de remporter des trophées peut durer longtemps.

Ces montées et dégringolades habituelles sont souvent dues au fait que sur un gazon plat où chaque joueur a accès au ballon, l’adversité a des degrés et la chance appartenant a tout le monde, c’est le meilleur qui gagne, dans la concurrence ouverte et non pas dans la haine ou l’inimitié.

Tandis qu’en Guinée, malheureusement ; le déclin des niveaux des clubs locaux (ils sont éliminés dès le 1er tour des compétitions continentales), la baisse des résultats des équipes nationales de football (cadets, juniors ou espoirs −avec une petite exception pour les seniors qui progressent ces temps-ci même s’ils n’ont toujours pas un fond de jeu rassurant−) ont souvent, entre autres raisons, une cause non négligeable : la mauvaise relation entre les symboles du football guinéen.

Il y a quelques jours, à la veille du match Guinée-Madagascar (4-1) aux comptes des Eliminatoires CAN 2012, l’actuel ministre des Sports, Titi Camara, a accusé la fédération (Féguifoot) en complicité avec certains tenanciers d’hôtels et des cadres indélicats de son département, de surfacturations sur les dépenses du Syli National. Une manne financière qui retombait aisément dans les poches de certaines personnes accoutumées à ces pratiques déshonorantes. C’est ainsi qu’il a, par médias interposé, dénoncé ce qu’il qualifie de corruption. La réplique de la Féguifoot, naturellement, n’a pas tardé.

Les deux camps férocement opposés sont d’accord pour ne pas être d’accord. Ils enchaînent, comme dans un derby, les attaques et les contre-attaques. Et la Guinée, dans tout ça, risque d’être sanctionnée par la FIFA.

Mais, ce face à face ne date pas d’aujourd’hui. Pour rappel, en 2007, Bruno Bangoura est réélu, sans adversaire, à la tête de la Féguifoot. Lui et ses collègues ayant recalé la candidature de Titi au poste de président de la Feguifoot sous prétexte qu’il n’avait pas 'la formation intellectuelle nécessaire' pour prétendre au poste. Perdant ? Non. Empêché d’être candidat ? Oui, mais pas dans toutes les batailles et, sûrement pas dans la vie. Ironie du sort, aujourd’hui, il est leur ministre.

Dommage que certains globules rouges et blancs du football guinéen, en l’occurrence les anciens et les nouveaux dirigeants, aient du mal à collaborer. Cette déplorable guéguerre peut arriver une fois, voire même deux fois dans l’Administration. Mais, qu’elle se perpétue et atteigne un niveau incontrôlable est ahurissant et dangereux !

Dans ce pays où certains sportifs, tels les légendaires du Hafia Football Club, triple champions d’Afrique, ont voué si humblement leur carrière au service de leurs compatriotes, il doit être intolérable que l’argent public destiné au divertissement du peuple s’évapore en des villas cossues, en des comptes (personnels) en banque bien garnis et en de luisantes voitures !

Accusation ne signifie, certes, pas culpabilité, mais malheureusement en Guinée, comme dans certains pays africains, la corruption est, hélas, une affection très courante. Et ceux qui passent entre les mailles du filet, à vrai dire, sont plus nombreux que ceux qui se font surprendre ou capturer.

Toutefois, faire toute la lumière sur ce dossier nous permettra de savoir, au moins, si réellement "Titi Camara est un assainisseur qui veut dompter les maux gangrènent nos disciplines sportives" comme prônent ses nombreux thuriféraires, ou bien "il n’est qu’un rancunier qui veut se venger" comme disent ses détracteurs. Wait and see.

Moysekou

-Kuwait City- 07 Juin 2011