lundi 21 février 2011

Sénégal-Guinée: On mesure les écarts et les différences.

KUWAIT CITY– Un coup de vent a soufflé à travers le Stade L.S. Senghor et sur le Syli National de Guinée qui a perdu, 3-0, devant son voisin, les Lions du Sénégal, en derby amical du 9 février 2011 à Dakar.

Pour une fois encore, le Syli n’a pas pu répondre aux attentes de ses fans. C'était un jour où l’adversaire, bourré de jeunes talents, a réussi à battre le Syli National pourtant résolu, combattant et animé, plutôt que de se laisser abattre. Le Syli n’y a pas pu faire la différence. Il ne pouvait pas. Peut-être parce qu’il n’y disposait pas de tout son arsenal indispensable pour un tel derby sous-régional.

Pourtant, le début du match a été difficile pour le Sénégal. Appuyé par la forte communauté guinéenne à Dakar, le Syli National a été le plus dangereux dès l’entame de cette rencontre. Très tenaces durant les premières minutes, les attaquants Guinéens ont tenté et continué à donner du fil à retordre à la défense sénégalaise mais, sans parvenir à bien concrétiser leurs occasions.

Les Lions de la Téranga qui ont tardé à démarrer, se réveilleront et remporteront le match, brillamment. Les buts sénégalais ont été inscrits par Cissé (19’min) et Sow (60’min) et NDoye (85’min).

Le public massif avait quelque chose à voir avec cela. Quand il est impossible de toucher le ballon sans entendre l’encouragement des supporters, on oublie l’effet du vent d’hiver dans ce stade archicomble. Et, lorsque les joueurs sont confus sous les cris de la foule qui réclame inlassablement la victoire, il arrive un moment où les professionnels sélectionnés pour opérer un match amical, abandonnent les commandes, négligent les consignes et se focalisent uniquement sur les filets adverses.

De bout en bout, le jeu a été attrayant par le mouvement, le rythme et la virtuosité des protagonistes. Mais, les Sénégalais semblaient bien plus malins pour être surpris par les Guinéens et cela sous le regard du nouveau Ministre des Sports, Titi Camara, ancienne perle du football guinéen.

Malgré tout, les supporters Guinéens sont restés optimistes jusqu'au coup de sifflet final. Ils espéraient entendre le barrissement de leur Éléphant (le Syli) en revenant au score, plus d’une fois.

Toutefois, il n’est pas fictif qu’un homme ou une femme, fouillant les archives de fond en comble, puisse dire aux jeunes Guinéens et Sénégalais l'endroit où est née, depuis longtemps, cette rivalité footballistique qui existe entre les équipes de ces deux pays frères et hospitaliers. Mais les compatriotes de Feindouno qui ont suivi leurs dernières confrontations, ont certainement du mal à retenir les prestations d’un Syli très ambitieux, très courageux mais, en manque de supériorité ou de la ruse.

Pour le coach du Syli, Michel Dussuyer, cette défaite concédée par son équipe permet de mesurer le chemin à parcourir. « Il y a beaucoup d’enseignements à tirer surtout individuellement et collectivement. On mesure les écarts et les différences. Pour nous, c’est une leçon salutaire pour la suite », a-t-il indiqué.

En réalité, ceux qui jouent au foot ont, au moins, un rêve sur le gazon. Chaque joueur, chaque équipe peut avoir sa journée. Mais cette soirée hivernale avec son vent tourbillonnant sur la ville de Dakar, assurément, n’était pas le jour du Syli.

/____Moysekou.

samedi 12 février 2011

Le Jabulani et la pente inopinée de Kamil Zayatte.


’’Il est bon de suivre sa pente, pourvu que ce soit en montant.’’ [André Gide].

KUWAIT CITY– La pente de la carrière de certains footballeurs Guinéens est aussi imprévisible que la trajectoire de Jabulani, le ballon officiel des 64 matchs du Mondial 2010, superbement organisé par l’Afrique du Sud avec une humanité touchante.

Jabulani, ce ballon parfaitement confectionné grâce à la technologie moderne, nous a simultanément enchantés et étonnés par ses destinations finales, à la fois imprédictibles et captivantes.

La Nouvelle-Zélande, invaincue en trois matchs nuls, a dû quitter tôt. Et l’Espagne, la meilleure des 32 équipes, a remporté la coupe.

L'âme de la Coupe du Monde, cependant, était dans le peuple d'Afrique du Sud. Les volontaires, en particulier, ont donné de leur temps seulement pour accomplir une partie du labeur qui, selon Nelson Mandela, était le leur.

Contre l’Uruguay, en quart de final, le penalty raté du Ghanéen Asamoah Gyan aurait peut-être ravi le rêve africain de jouer, pour la première fois, les demi-finales du Mondial. Mais le football, toujours imprévisible comme la trajectoire de Jabulani, a opté autrement.

Durant ce Mondial africain, le foot a apparemment boudé les joueurs Anglais, Français, Italiens ou même Brésiliens qui ont peiné a donné une performance digne de leur réputation. Il a fugitivement noué amitié avec l'Argentine, qui, jouant le seul moyen que son entraîneur, Diego Maradona, a su jouer, attaquait tout simplement comme si, pour avancer, il fallait uniquement aller en avant. L'Argentine a alors rencontré le mur allemand et, la brève tentative de Maradona comme entraîneur a pris fin.

Maradona n'y est pas arrivé à la finale. Il ne pouvait pas parce qu'il n'avait pas de défense. Mais on se souviendra de lui et de son équipe « attaquante ». Au moins il a essayé. Au moins son esprit était sportif autant que le geste patriotique des Uruguayens qui ont refusé de toucher, à la faveur de ce Mondial, leurs primes de matchs. Diego Forlán et ses coéquipiers ont ainsi voulu apporter leur soutien à leur pays qui se relevait de la crise financière universelle. Un exemple à imiter.

A chaque fois qu’il agitait les filets adverses, l'expression du visage de Diego Forlán qui, à mon avis, a mérité autant d’estime que quiconque dans ce tournoi, reflétait quelque chose digne d’un éminent rêveur.

Pareillement, en bon rêveur, visant plus haut, un jeune de Kindia a pu réaliser son rêve de figurer dans l'élite du football anglais, à Hull City, précisément.

Novice à Conakry, formé en France et révélé en Suisse, le défenseur international Guinéen Kamil Zayatte, a joué un rôle essentiel dans la toute première aventure de Hull City en Premier League ; donnant toujours le maximum de lui-même sur le gazon, mettant souvent sa tête là où d'autres n'auraient jamais osé. Et plus d'une fois, il est réapparu sur la pelouse avec la tête bandée.

Son aptitude polyvalente lui a permis d’être à la fois le capitaine, le catalyseur, le stratège et parfois l’attaquant qu’il faut quand le moment est sombre pour le Syli National, la sélection nationale de Guinée.

Mais, contre toute attente, comme la trajectoire de Jabulani, Zayatte vient de s’engager en faveur du club turc Konyaspor pour six mois avec une option pour deux ans !

En hiver 2009, Hull City a décliné les offres de Tottenham et West Ham qui voulaient recruter Zayatte. Le transfert à Leicester au début de cette saison a échoué à la dernière minute à cause de leur offre qui n’a pas attiré le joueur. Et depuis lors, il n’était plus en odeur de sainteté avec le président de Hull City.

Dans cette atmosphère, l’alternance titularisation et banc, la perspective d'une saison ou plus dans le Championship (D2 anglais) et l’envie de rejoindre ses deux enfants et leur maman en France - qui ne se sentaient plus à l’aise en Angleterre - l’auraient probablement découragé de rester à Hull City pour longtemps. Quoi qu’il en soit, dans ses 13 derniers matchs avec Hull City, sa performance a été, en grande partie, inférieure à sa prouesse habituelle.

Il se peut qu’il n’ait pas été, régulièrement, solide et immuable. Zayatte a souvent marqué des buts salvateurs pour Hull City et plus d'une fois par erreur, contre elle, tremblant ainsi ses propres filets à un rythme qui était devenu presque gênant pour lui et le club.

Peut-être que le temps de Zayatte en Angleterre reviendra. Peut-être qu’il réapparaîtra en août prochain, à la défense d’un grand club de Premier League, qu’il désire le plus. « Si j’arrivais à jouer dans les grands clubs comme Manchester United, Arsenal ou Chelsea je crois que cela serait aussi une fierté pour tous les Guinéens. » a-t-il dit à Guinéefoot© en février 2010.

Dans la vie, si tu oses rêver, parfois, ces rêves peuvent devenir réalité. Mais, pour obtenir quelque chose que tu n’as jamais eu, tu dois faire, parfois, quelque chose que tu n’as jamais fait.

Le terrain de Zayatte a sans doute changé, mais sa détermination ne doit prendre aucune fissure.

Dans un mois, il célébrera son 26e printemps. Tout en lui souhaitant joyeux anniversaire, espérons qu’il parvienne à donner tort aux sceptiques en prouvant que sa pente inopinée - en quittant l’Angleterre pour la Turquie - n’est pas ’’descendante’’ et réussisse à retrouver, sans tarder, l’élite du football anglais.

/___Moysekou.